5 secondes.
L'autoroute. Ce flot constant d'exilés, d'errants, de tous ceux qui partent et de ceux qui reviennent. De ceux qui croient rentrer paisiblement chez eux. Un de ceux là, devant toi s'engage sur la voie de gauche.

4 secondes.
Il n'a pas vu le véhicule à sa hauteur sur le point de le dépasser. L'étau se resserre.

3 secondes.
Un choc sourd, brutal, puis la valse lente des cages de métal sur l'asphalte. Salve d'adrénaline. Tes pupilles se dilatent, tes muscles se contractent un à un. Le cri strident de l'acier contre la glissière de sécurité. Pour la voiture qui est devant toi et dont les pneus crissent dans une ultime tentative, il est déjà trop tard. Une brèche s'est ouverte sur la droite. Tu te laisses déporter et t'y engouffres.

2 secondes.
La tôle qui se froisse, devant ton impuissance, comme une vulgaire feuille de papier. Inéluctablement. Quatrième. Tu accélères. Tes mains crispées sur le volant. Tu ne passeras pas.

1 seconde.
Troisième. Le moteur hurle. Les roues adhèrent à nouveau. Tu écrases la pédale d'accélération de tout ton corps. La première voiture tournoie près de toi et se rapproche. Tu fermes les yeux.

Impact.
Tu ouvres à nouveau les yeux. Tu l'as entendu derrière toi. Tu n'y crois pas vraiment.

Et pourtant.