(à lire en écoutant ça)

Il ouvre les yeux. Il ne sait pas comment il a atterri ici. Une lumière blafarde pénètre par l'interstice de la porte. Une douleur vive et lancinante lui vrille la tête. Le seul bruit qu'il perçoit est celui du bip lent et régulier d'un moniteur qui se trouve à ses côtés. Il ferme alors les yeux, longuement: il préfèrerait croire qu'il ne s'agit que d'un rêve. Il soulève à nouveau ses paupières sans parvenir vraiment à distinguer ce qui l'entoure. Devant lui, une ombre se dessine peu à peu puis s'évapore. Le temps d'une seconde il aurait juré qu'elle était là. Cette fois, c'est son coeur qui hurle, comme percé de mille lames, déchiqueté, et il lui faut le faire taire. Alors il retire un à un les fils qui couvrent sa poitrine. Plus rien ne le retient désormais. Il parvient tant bien que mal à se lever. Ses pas sont hésitants et lourds et il rejoint difficilement la fenêtre qui s'ouvre dans un dernier effort. Une brise légère vient lui caresser le visage. Pas une lumière. Il entend juste quelques voitures qui filent au loin vers d'autres contrées. Lui, il n'ira plus nulle part. Il escalade le rebord et il est maintenant debout sur le montant. Il jauge la hauteur sous ses pieds. Une vingtaine de mètres. ça lui paraît suffisant.